Correspondance de Marie-Céline - 1ere lettre

Correspondance de la Bienheureuse Marie-Céline de la Présentation

Première Lettre

Lettre à son père

Présentation

Germaine écrit à son Papa, en proie à une grande détresse : six de ses douze enfants sont morts de maladie, dont Louis le fils aîné si pieux, et tant aimé. La Maman est morte d’épuisement, à 44 ans, sur un quai de gare… Germaine et ses deux petites sœurs sont confiées à l’orphelinat «  Nazareth «  de Bordeaux. Les deux grands frères Guilbert et Lévy ont pris leurs distances avec le Papa….. Lucie, la sœur aînée est devenue religieuse dans la Congrégation «  St Joseph d’Aubenas. « 

Germaine appelée «  l’ange consolateur de la famille «  n’a pas un regard sur elle-même. Elle ne pense qu’à consoler, soutenir son père dans sa souffrance. Elle a 15 ans, déjà toute tournée vers Dieu et les autres, animée d’une foi ardente «… chaque matin, lève-toi plus fort et résigné…. »

Bordeaux janvier 1893

Cher Papa

Je me transporte par la pensée au milieu de cette chaumière où je viens de laisser tous ceux que j’aimais. Oui, il me semble, te voir seul, délaissé, dans cette petite chaumière, triste et affligé, t’ayant vu entouré d’une si nombreuse famille, et à présent seul, seul dans ton petit réduit.

Mais cher Papa, nous avons un bon espoir en pensant que Dieu du haut du Ciel veille sur nous. Il t’a envoyé de grandes épreuves, c’est encore pour nous donner une preuve de son amour, c’est pour nous montrer combien Il nous aime, et bien cher Papa, résignons-nous à sa sainte volonté. Il ne nous abandonnera pas, mais Il nous prendra sous sa protection, Il suivra nos pas et nous préservera comme l’Ange préserva Tobie du requin, ne te laisse donc pas aller à l’abandon, mais au contraire chaque matin, lève-toi plus fort et plus résigné, sentant que tu es sous le regard de Dieu et qu’Il ne peut t’abandonner. D’abord, tout chrétien doit espérer, et bien, montre que tu es un vaillant chrétien et que tu sais combattre avec énergie.

Je suis sûre que Dieu, sentant les grands efforts que tu fais, t’en récompensera tôt ou tard, car Dieu récompense toujours ceux qui ont confiance en Lui.

Tu vois, cher Papa, confie-toi en Dieu, n’aie espoir qu’en Lui seul et ne compte pas sur les créatures, car du jour au lendemain elles ont changé, mais Dieu est un fidèle ami, Il ne trompe pas heureusement.

Tu sais mon désir depuis longtemps, tu sais combien je soupire vers Jésus, tu sais combien je languis de ne pouvoir devenir son épouse, eh bien cher Papa, je sais que tu as consenti il y a longtemps à ce grand projet, mais la volonté de Dieu avant tout, et le reste ensuite.

Guilbert m’a écrit, il n’y a pas longtemps, il se porte très bien.

J’ai écrit à Lucie, elle ne m’a pas encore répondu, Lucia et Lubine te font dire un grand bonjour, il leur tarde que tu viennes les voir.

Notre bonne Mère est toujours pour nous autres l’Ange des petites attentions, ainsi que nos bonnes Maîtresses, qui gâtent mes petites sœurs à les rendre mille fois trop heureuses. Je termine ma lettre, cher Papa, avec le cœur plein d’espérance,

Ton enfant qui t’aime et t’aimera toujours,

Germaine Castang.