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Marie-Céline de la Présentation
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26 décembre 2019

Correspondance de Marie-Céline - 6e Lettre

Correspondance de la Bienheureuse Marie-Céline de la Présentation

 

6e Lettre

Lettre à sa soeur

 

Présentation

 

« Une année s’écoule sans qu’elle reçoive des nouvelles de sa famille. Lucia rencontre des difficultés au sein de sa Communauté, les lettres de sa sœur ne lui sont pas toujours remises. Incompréhension et souffrances chez Germaine qui n’a par ailleurs que des échos lointains de la vie de son père et de ses frères «  qui font des bêtises «.

Pour la première fois de sa vie, elle se plaint à sa sœur….. «  l’on dirait que je suis au rebut  »

Le mot « rebut » est fort ; au sentiment d’abandon s’ajoute celui du rejet. Elle ne compte plus pour sa famille, elle compte pour rien pour les congrégations qui ne veulent pas l’accueillir. Ainsi le vit-elle en tout cas, et c’est un vrai moment de désespoir qu’elle traverse. C’est la solitude du Christ à Gethsémani, l’heure des dernières résistances, celle qui précède le grand saut dans l’abandon total. Dans sa vie tout est solitude et limite. Tout ce qu’elle peut désirer humainement se refuse.

Mais à peine a-t-elle exprimé à sa sœur ce sentiment d’être « au rebut » qu’elle lui dévoile le secret de la force qui la maintient debout et de la joie qui l’habite :…….. « …où je trouve ce courage… C’est dans cet aliment précieux dont je me nourris le dimanche… »….

Tout est dit dans ces quelques lignes sur la spiritualité de Germaine. Une alliance de décision personnelle prise avec un immense courage « j’ai résolu », et le renoncement à soi, l’abandon total à la volonté de Dieu. Jamais dans sa vie, l’expression «  courage de l’abandon » n’a été aussi justifiée. Ni repli sur soi, ni complaisance dans le malheur. Nous la voyons ployer sous les coups répétés des deuils et des désillusions er s’arc-bouter de toutes les forces de sa foi pour se redresser toujours plus libres encore. Il ne lui reste plus rien, pas même la compréhension de cette joie paradoxale qui l’envahit au cœur de sa souffrance.

Dépouillée, dénudée, exposée sans défense aux coups de la vie, elle accède, au cœur même du quotidien le plus terne, à cette joie qui ne dépend plus des événements extérieurs.

La joie de tout traverser avec, par, et pour le Christ. » 

 

(Avec l’aimable autorisation de Madame Danièle GATTI)

 

3 juin 1894

 

Chère et bien aimée Sœur,

 

Voilà bientôt la moitié d’une année que je n’ai reçu aucune nouvelle de personne. Ne pouvant pas attendre plus longtemps, je viens te donner des nouvelles de mon cher Papa et de Lévy. Nous nous portons tous très bien, seulement ce qui nous inquiète un petit peu, c’est de savoir si tu n’es pas malade ainsi que Clothilde. Car, à quoi attribuer le long retard de ta lettre ? Il faut que tu sois malade ou que tu aies beaucoup d’ouvrage, s’il en est autrement, je te trouve un petit peu indifférente, car depuis Pâques que je t’ai écrit, tu aurais eu le temps d’y répondre. Si tu savais chère sœur comme c’est triste d’avoir loin de soi tous ceux à qui on est uni par les liens du sang. Pourtant, tu devrais bien le comprendre, toi qui as été séparée comme moi de ceux que tu aimais et, cependant à présent que tu m’as pris mes petites sœurs, l’on dirait que je suis au rebut.

Il n’y a que mon cher Papa qui semble m’aimer toujours, il est venu vers les fêtes de Pâques, il est resté deux jours à Bordeaux. Il était comme moi très étonné de n’avoir aucune nouvelle de toi. Mais tu dois t’étonner que je ne te parle pas de venir avec toi. Dans ta dernière lettre, tu m’as demandé d’être plus soumise à la volonté de Dieu.

Et bien chère Sœur, je suis toute résolue à faire la volonté du Bon Dieu ; je me suis jetée entre ses mains, aussi, à présent, quoi qu’il arrive, je redirai avec Jésus , Fiat ! Tu dois te demander chère Sœur, où je trouve ce courage, eh bien veux-tu que je te dise où je vais le puiser, c’est dans cet aliment précieux dont je me nourris le dimanche. Oh oui, chère Sœur, tu ne pourrais pas croire ni comprendre la joie qui m’enivre quand je dois recevoir mon Jésus. Ah ! c’est qu’il me préserve de beaucoup de petites misères, aussi j’en suis bien heureuse.

Toutes mes maîtresses sont pour moi de plus en plus bonnes. Pour leur exprimer ma gratitude, veuille bien chère Sœur, m’aider dans tes prières à supplier celui qui possède des trésors intarissables de leur rendre au centuple les bienfaits dont elles me comblent.

Embrasse bien fort pour moi ma petite Lubine. Sa Tatan Noémie et sa Tatan Liguori, ainsi que toutes ses petites compagnes lui font dire un grand bonjour. Mes plus profonds respects à Sœur Herman et à bonne Sœur Anna. Rien de plus à te dire pour le moment, seulement que tu me fasses une bien longue lettre. Reçois, chère et bien-aimée Sœur, la tendre affection et les meilleurs baisers de ta sœur qui t’aime.

 

Germaine Castang. Enfant de Marie.

 

PS : Si on amène Lucia au mois d’août veuille bien chère Sœur, avoir la bonté de me le dire.

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