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Marie-Céline de la Présentation
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26 décembre 2019

Correspondance de Marie-Céline - 8e Lettre

Correspondance de la Bienheureuse Marie-Céline de la Présentation

 

8e Lettre

Lettre à son père

 

Présentation

 

«  Germain ne répond pas à cette lettre, Lévy ne reste pas à Nojals, Lucie (sa sœur religieuse) est silencieuse……

…..Le retour au « Refuge » est lourd… du choix qu’elle doit faire : « …Si je ne suis pas restée avec toi, c’est parce que je n’aurai pas la même vie qu’ici… » Elle pense à la solitude de son père et à la sienne ; deux solitudes qui ne sont pourtant pas faites pour se rejoindre. Elle lui ouvre son cœur avec une rare tendresse….Elle berce dans son cœur les souvenirs doux-amers des années en famille et porte son désir de vie religieuse comme un rêve inaccessible. Elle dit « oui » à tout. A l’âge des révoltes et des refus, elle tisse sa vie calmement, patiemment, humblement. Non dans la tension de la résignation, mais dans la légèreté de l’acceptation dans l’amour. Elle est entre les mains de Dieu et traverse les jours avec le calme de Jésus dans la barque. Il est véritablement présence rassurante, aimante, transformante……

….. C’est au moment où il ne se passe plus rien dans sa vie…. Qu’elle nous donne à contempler l’invisible présence qui l’habite. »

 

(Avec l’aimable autorisation de Madame Danièle GATTI)

 

Bordeaux, le 1er novembre 1895

 

Bon et très Cher Papa,

 

Depuis mon départ j’ai souvent pensé à toi, surtout aux ennuis qui te préoccupaient les derniers jours que j’ai passé en ta compagnie.

Si je n’ai pas écrit plus tôt, la cause est que j’attendais des nouvelles de Guilbert pour t’en donner. D’abord laisse-moi te demander comment va ta santé : ne souffres-tu pas trop du froid, les affaires marchent-elles, tu voudras bien me répondre à ces questions. Tu as dû Cher Papa me trouver un peu froide pendant ces vacances pardonne-le-moi. J’ai eu tant de plaisir de voir tous nos autres parents que parfois j’aurais peut-être pu te blesser ; ne crois pas cependant que mon affection ait pu diminuer pour toi, elle ne fait que s’accroître tous les jours. Si je ne suis pas restée avec toi, c’est parce que je n’aurais plus la même vie qu’ici, cependant, si ta santé n’allait pas bien, tu sais mon adresse, si je me dévoue pour quelqu’un, ne serait-ce pas pour toi. Dans ta solitude, il me semble que les journées doivent paraître bien longues, aussi pour interrompre un instant de silence qui règne dans la petite demeure que tu habites, je me permets de t’écrire une longue lettre qui te plaira mieux je l’espère que le miaulement de ta petite chatte.

Guibert est à Tananarive et souffre beaucoup de la faim ou d’autres misères, à son retour tu auras sa visite sans nul doute. J’espère que ton cœur lui sera ouvert pour le recevoir car après tant de souffrances, il me semble tout naturel de faire oublier les peines par l’affection.

Tu auras la bonté de me donner des nouvelles de Lévy.

Demain jour des Morts mon cœur s’attriste en reportant ma pensée sur les restes chéris de nos regrettés défunts : mais je me console en priant pour eux, car voilà ma dernière espérance.

Dans un même sentiment de prière, demain veuille bien Cher Papa, tout en donnant la plus large part à notre chère Maman et à notre frère, avoir une intention pour moi et bonne Sœur St. Valentin, dont j’ai appris la mort à mon retour. Si tu sais des nouvelles des Sœurs de Nojals, tu m’en donneras.

Ma langue ne sait plus rien pour te dire, mais mon cœur sait te défendre en toute occasion et sait me faire monter cette parole aux lèvres : Cher Papa, je t’aime beaucoup et pour t’en donner une preuve,

 

je t’embrasse mille fois.

Germaine Castang,

 

Ps : ton sac à voyage est dans l’attente, si l’heureux hasard te permettait de venir, n’y manque pas.

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