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Marie-Céline de la Présentation
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22 juillet 2020

Fleur du Cloître - 1

Fleur du Cloître

  

Chapitre premier

Jeanne-Germaine Castang

 

« Je suis la fleur des champs et le lys des vallées. Cant., ch. II, V. I.

 

Parmi les nombreux et charmants villages dont s'émaillent les campagnes de la Dordogne, celui de Nojals peut revendiquer l'honneur d'avoir été souvent comparé à un petit Éden. Situé sur une belle route départe-mentale, à égale distance de Beaumont, chef-lieu de canton, et de Sainte-Sabine, bourg populeux et industriel, cet humble paradis terrestre semble illuminé de tous les sourires de la nature et comblé des bénédictions du Créateur…

Sur un côteau, dominant au sud le village, se trouve le hameau pittoresque de Clottes qui possède une antique chapelle dédiée à sainte Anne. Simple dans son style, vénérable jusque dans son pignon en ruines, le modeste sanctuaire demeure toujours un lieu de pèlerinage très fréquenté. En tout temps, des pèlerins fervents viennent y implorer la puissante médiation de la Mère de la Très Sainte Vierge. Les ex-voto nombreux qui tapissent les murs du pauvre édifice prouvent que sainte Anne se plaît à exaucer les prières qui lui sont adressées dans son petit Sanctuaire de Clottes. Ce hameau, autrefois chef-lieu de commune, fut annexé après la Révolution au village de Nojals ; depuis lors, Clottes a été desservi par M. le curé de Nojals qui y célèbre le Saint-Sacrifice chaque dimanche.

Les rares touristes qui traversent Nojals pendant la belle, saison rendent hommage à son site enchanteur. Encadré de collines boisées et de petites forêts, qu'égayent de perpétuels concerts d'oiseaux et que hantent d'innombrables écureuils, entourés de beaux vignobles et de riches moissons qu'on voit onduler au moindre souffle des vents comme une mouvante mer d'or, fertilisé par un limpide et clair ruisseau qui serpente comme un ruban d'argent dans ses prairies embaumées, ce joli village ne manque ni de grâce, ni d'une certaine poésie. Ce qui vaut mieux encore, il ne manque ni de foi, ni de ces grandes et solides vertus m-orales et religieuses qui sont la vraie gloire d'un peuple. La bonne réputation des habitants de Nojals est connue de tous les alentours, et les Nojalsais sont fiers d'une renommée à si bon droit acquise. Ils aiment leur pays ; ils chérissent leur berceau et lorsque Dieu leur dit comme au père des croyants : « Sors de ton pays... egredere... et viens dans la terre que je te montrerai », ils suivent leur vocation sainte, mais ils gardent au cœur le souvenir de cette terre natale, où – leur semble-t-il – le ciel est plus doux, la fleur plus suave, l'oiseau plus gai, les ruisseaux plus limpides... Écoutons une enfant de Nojals chanter naïvement les pures gloires de son beau pays :

« Nojals ! Nojals !… Je me souviens d'avoir presque tiré vanité d'y avoir vu le jour... » et, dans un épanchement intime, elle nous narre les charmes pittoresques de ce nid de verdure ; elle vante les bois touffus de ce petit coin privilégié de la Dordogne, elle parle avec complaisance de ses moissons jaunissantes, de ses eaux de cristal, de ses prairies émaillées, puis elle ajoute avec amour : « La foi est encore vive parmi la population presque exclusivement composée d'agriculteurs, bien plus occupés de leurs sillons que des nouvelles politiques ou anti-religieuses. La dignité du prêtre et de la religieuse y est encore respectée, grâce à Dieu ! le repos du dimanche observé, les pratiques saintes de la Religion honorées. Je me souviens d'avoir été grandement édifiée dans mon enfance par un jeune homme de vingt-cinq ans environ, qui ne rougissait pas de se mettre à genoux en plein champ, s'il s'y trouvait lorsque la cloche annonçait l'Angélus, avouant ainsi sa foi en présence de tous ! Ce fait se renouvelait souvent au son de la cloche annonçant l'Élévation. Ce peuple, simple dans ses mœurs, ne manque pas cependant d'une certaine culture intellectuelle, grâce peut-être au dévouement de saintes Religieuses de notre Institut de Saint-Joseph d'Aubenas qui ont élevé depuis près de vingt ans la jeunesse de Nojals-Clottes. C'est peut-être à leurs leçons pleines de piété et de zèle, et surtout à leurs prières et à leurs exemples de vertu ,que ce pays doit d'avoir conservé, avec la foi, l'innocence des mœurs.

Au centre du bourg est la nouvelle église (1) bâtie sur les ruines de l'ancienne (2), au prix des sacrifices et des sueurs de la chrétienne et vaillante population de Nojals. Le charmant édifice à lignes correctes, à proportions étudiées, apparaît à l'ombre d'un bouquet d'arbres. Ses formes sveltes et dégagées, ses voûtes gracieusement entrecoupées par les murs percés de neuf fenêtres en ogives, les chapitaux de ses colonnettes, l'ordre et le bon goût de son humble décoration, tout, dans le sanctuaire, charme l'âme chrétienne et sourit au cœur pieux.

Quatre gigantesques tilleuls aux branches élancées, ombragent le modeste édifice et forment, en entre-croisant leurs rameaux, des ogives multiples, des arcades nombreuses. Je vois encore l'effet ravissant que produisait sous ce berceau de verdure le Reposoir de la Fête-Dieu : la fraîcheur des guirlandes, le feuillage vert, les fleurs éblouissantes, le chant des oiseaux, les tentures blanches de l'autel, la flamme vacillante des grands cierges, le parfum de l'encens joint à celui des roses, les jeunes filles sous les chastes plis de leur long voile blanc, les enfants de chœur, le prêtre revêtu des ornements sacrés, le nimbe d'or en main, la foule pieuse et recueillie s'inclinant au passage de la blanche Hostie, les chants que l'Église met en ce jour sur les lèvres des fidèles, tout se confondant en une suave et céleste harmonie, quel inoubliable spectacle !... pour un peintre, le magnifique sujet ! pour celui que les Muses inspirent, le délicieux poème !... pour le chrétien, la divine fête !…

Et c'est en face de l'humble palais où repose Jésus-Hostie, à vingt mètres du Saint-Lieu, que s'élève la maison paternelle aux vastes proportions, avec ses contrevents à persiennes, ses grandes portes à vitres, dénotant, dans son ensemble, une certaine aisance, trop tôt perdue, hélas !…

C'est là, à quelques mètres du Tabernacle, et presque à l'ombre protectrice de la maison du bon Dieu, que vint au monde la chère enfant que nous pleurons... C'était vers le minuit du 24 mai, en la fête de Notre-Dame Auxiliatrice, dans une nuit calme et sereine comme sa dernière heure... et, coïncidence frappante, le mois qui vit la chère petite fille ouvrir les yeux à la lumière de ce monde l'a vue aussi, dix-neuf ans plus tard, s'endormir du sommeil éternel… Y aurait-il présomption à voir en ceci une faveur spéciale de la Reine du Ciel ? »…

Celle que nous entendons ainsi chanter et pleurer à la fois est la sœur aînée de l'ange terrestre dont nous entreprenons d'esquisser la vie. Dans le monde, elle se nommait Mlle Lucie Castang ; aujourd'hui, sous le nom de Sœur Marie de Saint-Germain (3), elle appartient à la radieuse phalange des âmes vouées au Christ-Époux. Par un sentiment de respectueuse délicatesse, c'est à elle que nous avons voulu laisser le doux honneur de parler la première de la naissance de Germaine, sa sœur bien-aimée devenue la nôtre. Plusieurs fois encore dans le cours de ce chapitre, nous emprunterons aux notes intimes de la sœur aînée quelques détails sur l'enfance de notre jeune héroïne et, grâce à elle, nous pénétrerons discrètement dans le sanctuaire privé de sa sainte famille.

Cette famille bénie était donc en joie à l'aurore du 24 mai 1878. Dieu venait de lui donner une cinquième enfant et Notre-Dame Auxiliatrice, dont l'Église célébrait en ce jour la fête pleine d'espérance, abrita sous le manteau de sa miséricorde et de son amour cette nouvelle-née. La protection de la Vierge Auxiliatrice ne quitta plus son enfant privilégiée, et du berceau à la tombe, du temps à l'éternité, cette fille de Marie fut comblée de ses faveurs.

Quelques heures après sa naissance, la fille de Germain Castang et de Marie Lafage était portée à la petite église de Nojals et y était régénérée dans les eaux saintes du Baptême. Elle reçut les doux noms de Jeanne-Germaine. La Vierge de Domrémy et la vierge de Pibrac durent sourire à la nouvelle baptisée. Dès lors, ces célestes bergères de Lorraine et de Languedoc protégèrent sans doute de leurs houlettes entre-croisées l'existence de cette petite « brebis du bon Dieu ». Ne serait-ce pas à ces saintes patronnes. Jeanne d'Arc et Germaine Cousin, que Jeanne-Germaine de Nojals devra d'être introduite dans le bercail de la vie monastique et de suivre le divin Pasteur dans les Séraphiques pâturages de l'Alvernia ?... ln loco pascuœ ibi me collocavit (4), dira plus tard la Vierge de l'Agneau, et, s'étonnant de son immense bonheur, nous l'entendrons redire sur le seuil de l'Éternité : « Qu'Il est bon, Jésus !... Qu'il est bon !... »

Effectivement, notre bon Dieu, si bon pour tous, le fut tout particulièrement pour cette enfant de ses divines prédilections. Un des premiers bienfaits que son infinie Bonté accorda à Germaine fut de placer son berceau au sein d'une famille patriarcale où les magnifiques vertus de la Religion, du devoir et de l'honneur étaient comme un héritage familial que s'y transmettaient les générations. Quelques jours avant sa mort, Germaine me racontait un trait admirable de la grande piété de son grand-père. - Et votre père lui dis-je, est-il aussi généreusement pieux ? — Oh ! oui, répondit-elle avec une simplicité charmante, et elle ajouta : C'est de famille !

À lui seul, ce mot nous révèle les traditions de cette honorable famille. Recueilli sur les lèvres mourantes de notre prédestinée, nous l'avons pieusement conservé et nous léguons aux frères et aux sœurs de Germaine Castang cette phrase mémorable. Lorsque la Religion leur demandera un acte de générosité et d'héroïsme, ils sauront toujours répondre à la voix de Dieu et à celle de leur conscience, et s'ils avaient besoin de reprendre force et courage dans la pratique du devoir héroïquement accompli, ils se rappelleraient les traditions qui leur ont été laissées, et, accomplissant la Loi du Seigneur, suivant ses commandements et ceux de son Église, ils se diront ces mots de profondeur sublime dont ils feront leur cri de ralliement : religion; honneur, devoir : C'est de famille !

Germaine, la future pauvre Clarisse, ne connut jamais les énervantes douceurs du luxe ou les charmes d'une riche et paisible aisance. Loin de là ! Son berceau fut le simple berceau d'osier des enfants de la campagne ; point de fines dentelles sur la couchette de cette belle petite créature d'un jour, point de rideaux légers de soie bleue ou rose pour abriter cette fleur des champs, point de layette brodée pour ce lis de la vallée, mais, ce qui est infiniment plus doux que ces luxueuses bagatelles, des sourires d'amour et de chaudes caresses, des soins d'une tendresse exquise et des vœux charmants fleurirent le berceau de cette nouvelle enfant que sa mère voulut allaiter elle-même, comme elle avait déjà nourri ses quatre aînés... Avec le lait, elle inocula à cette petite bien-aimée quelque chose de ces vertus extraordinaires qui faisaient d'elle la vraie femme forte louée par les Saintes Écritures. Encore aujourd'hui, ceux qui ont connu cette épouse modèle, cette mère incomparable, cette chrétienne « sans peur et sans reproches », n'en parlent qu'avec une respectueuse admiration et s'accordent à dire : « Madame Castang! c'était une sainte !!! »... La fille devait hériter de la sainteté de sa mère…

Chrétiens, et grands chrétiens, les époux Castang regardaient chaque naissance comme une bénédiction du Ciel, leurs enfants comme des dons de Dieu. Malgré l'état de gêne et de détresse dans lequel ils devaient se trouver si souvent, ils savaient se réjouir chrétiennement à la venue de ces chers petits êtres qui devenaient leur couronne vivante. Ils paraissaient ne pas vouloir s'apercevoir qu'un enfant de plus était une charge à ce foyer, que visitèrent si cruellement l'infortune et le dénuement. M. et Mme Castang eurent douze enfants : ces douze naissances furent douze joies et douze honneurs ! Le Ciel réclama sa part et, avant de descendre dans la tombe, jeune encore, Mme Castang eut l'affreuse douleur de voir mourir cinq de ses charmants petits enfants : deux lui furent ravis en moins de quinze jours par une rougeole compliquée de bronchite aiguë. La pauvre mère en crut mourir de douleur. Son chagrin fut navrant et on l'entendit répéter avec un accent de tendresse et de désolation impossible à rendre : « Plutôt avoir cent enfants, que d'en perdre un seul !... »

Ce cri doit ressembler à un de ceux que poussait Rachel l'inconsolable…

Oh ! Les mères, les mères dépossédées par la cruelle mort de leurs vivants trésors, les mères pleurant les enfants de leur amour, dans quels abîmes de douleurs ne descendent-elles pas ? Vraiment, il n'y a que la main d'un Dieu qui puisse les retirer des sombres profondeurs de leur tristesse amère, comme il n'y a que le cœur d'un Dieu qui puisse comprendre et consoler le cœur blessé des mères en deuil ! Mme Castang connut ces immenses tristesses ; elle connut aussi les célestes encouragements du Dieu Consolateur. Au pied de son Crucifix son âme se rassérénait... le fiât descendait du Cœur de son Dieu dans le sien... puis il remontait de son cœur à ses lèvres, et elle avait la force de bénir son Dieu qui ne lui avait enlevé ses enfants chéris que pour les faire monter au pays des anges ; ne faut-il pas au bon Dieu des fleurs pour son beau Paradis ? La famille Castang lui fournit sa gerbe et là-haut, où tout refleurit dans l'éternel amour, l'heureuse mère doit se voir aujourd'hui entourée de sept de ses enfants : Au Ciel les familles se reforment !

Il aurait presque suffi d'une seule visite faite à la famille Castang pour sentir et pour voir que Dieu était bien l'unique et divin Maître de cet intérieur chrétien. Le crucifix y avait une place d'honneur, la petite statue de Notre-Dame y avait aussi la sienne. On aimait à parler du bon Dieu, on Le bénissait, on Le priait : on ne s'en cachait point ! Les premiers noms que les enfants au berceau apprenaient à bégayer étaient ceux de Jésus, Marie, Joseph... et, à peine sortis des langes, le premier usage qu'on leur apprenait à faire de leurs bras et de leurs mains était de se signer du divin signe de la Croix... Heureux enfants ! n'était-ce pas les vouer, dès le berceau, à l'éternel honneur d'être les soldats du Christ ?

Souvent Mme Castang s'approchant du berceau de ses enfants les contemplait en silence, et, comme saisie de respect devant ces anges de la terre, radieuse image des Anges du Ciel, près de ce berceau où dormait l'innocence, elle priait, elle méditait : « Que de fois alors, nous dit sa fille aînée, je l'ai vue tracer un long signe de Croix sur le berceau de l'enfant chéri ! » Ô ravissante et sainte bénédiction des mères, combien vous devez attirer celle de Dieu sur ces berceaux d'espérance et d'amour !…

Germaine en fut comblée, et, à peine commençait-elle à vivre, qu'elle étonna et charma son entourage ! Douée d'une précoce intelligence, d'un naturel doux et facile, jolie déjà à ravir, cette petite fille était le légitime orgueil de son père et de sa mère, et la petite sœur chérie de ses aînés.

Vraiment Germaine était bien la cinquième bénédiction du foyer ! Sur les genoux de sa tendre mère ou dans les bras de son père, la petite enfant semblait déjà répondre à la tendresse et aux soins dont elle était l'objet; elle donnait ses petits sourires enfantins avant de donner son sublime dévouement et son filial amour. Sept autres enfants devaient la suivre, mais il semble que dans cette délicieuse douzaine d'enfants Germaine garde une place à part : c'est comme un grain plus vermeil de la grappe de famille, comme une fleur plus parfumée du vivant bouquet. Écoutons Sœur Marie de Saint-Germain constater elle-même la suprématie de cette petite reine de son cœur, à laquelle elle ne songea jamais à contester sa merveilleuse puissance d'attraction, en subissant la première les charmes vainqueurs « Elle était si gentille, si aimable, ma petite sœur chérie, avec sa blonde chevelure bouclée, ses grands yeux bleus où brillaient à la fois l'intelligence et le coeur ! Chacun la caressait, était heureux de lui faire quelque petit cadeau. Ma mère elle-même, qui nous aimait tous d'une égale tendresse, avait pour celle-ci une certaine prédilection dont nous nous rendions parfaitement compte, mais la chère enfant la méritait si bien, que nous n'en étions pas jaloux. Ses gentillesses, son gracieux babil nous la faisaient tant chérir ! »

M. Castang, lui aussi, subissait l'attraction générale : il ne s'en défendait pas. Lorsqu'il rentrait le soir en son paisible logis, après ses rudes journées du travail des champs, le robuste cultivateur se sentait ému et attendri à la vue de cette couronne d'anges qui se formait autour de lui. Il était fier de sa belle famille d'enfants, il caressait chaque oiseau de ce doux nid, mais c'était dans une sorte de contemplation qu'il baisait Germaine, Germaine au front éblouissant, au sourire de chérubin, et, dans l'intime de son coeur, il se disait : « Que sera cette enfant ? » puis, comme effrayé de tant de beauté et d'innocence, il se prenait à trembler en pensant que le Ciel jaloux d'un tel trésor, ne le laisserait pas longtemps à la terre…

Au lendemain de la mort de cette fille très aimée, son père navré nous écrira les lignes suivantes : « Je ne sais à qui je dois le plus de reconnaissance dans le Monastère... j'ai eu tant de preuves que toutes ces Dames aiment mon enfant... Cette enfant a toujours été d'une candeur, d'une simplicité extraordinaire voilà bien longtemps que je disais qu'elle ne vivrait pas, et je ne me suis pas trompé... » Et ensuite, pour soulager son immense douleur, le pauvre père nous dira longuement combien lui était chère cette incomparable enfant à la pureté d'ange et à la douceur d'agneau. Large était la part de tendresse faite à cette brebis de l'aimable troupeau, et M. Castang lui-même, dans ses lignes émues, semble nous dire que cette part était à part... Le Seigneur Jésus en pensait de même et c'est pourquoi, voulant lui faire une part toute particulière de tendresse divine, Il l'appellera un jour du monde au cloître, et, peu après, du cloître au Ciel…

 

Notes

(1). L'église de Nojals est dédiée à sainte Quitterie, vierge et martyre. Son nom et son culte oubliés ont été remis en honneur.

(2). La vieille église du village était un tout petit édifice en forme de croix latine, se rapprochant de la Croix grecque, tant était courte la petite nef… : sept mètres au plus. Deux petites voûtes surbaissées, à nervures à peine dégrossies, reposaient sur des supports dont les figures grimaçantes avaient été à moitié détruites par le marteau révolutionnaire. Une chapelle et la nef étaient simplement plafonnées. Un petit pignon, ouvert de deux baies, soutenait une petite cloche qui date de quatre cents ans. Un cimetière entourait le vieil édifice. La toiture basse à tuiles creuses, souvent dérangées ou emportées par le vent, reposait sur ces vieux murs qui menaçaient ruine.

A l'intérieur, les plafonds s'en allaient de toutes parts. Là, le bon Dieu n'était pas mieux logé que les laboureurs du lieu.

Les paroissiens de Nojals rêvaient une église neuve. Après bien des essais infructueux et six ans d'attente, cette petite population de trois cents âmes finit par se créer une douzaine de mille francs de ressources. L'adjudication fut donnée. Le fer du maçon renversa la charpente, la pioche acheva de jeter à terre les vieux murs. Le bon Dieu délogé reçut l'hospitalité tout près de là, dans un hangar à sécher le tabac que le propriétaire, oncle paternel de Germaine, mit à la disposition de M. le Curé. Il y demeura trois ans au vent, à l'humidité et au froid. Qu'importait à Jésus-Hostie le provisoire et la pauvreté de cette nouvelle demeure ? Sous le toit de chaume de l'église des missions, aussi bien que sous la voûte des plus splendides basiliques, c'est toujours le même Dieu-Amour qui nous dit : « Mes délices sont d'habiter parmi les enfants des hommes ». Nul doute qu'en quittant le toit hospitalier de M. Castang, le Dieu de l'Eucharistie n'ait comblé de divines bénédictions ce généreux chrétien et sa pieuse famille L'Hôte divin paie toujours en Dieu l'hospitalité qu'on lui donne, si pauvre soit-elle. (D'après les Notes de M. l'abbé Theillet).

(3) De l'institut des Religieuses de Saint-Joseph d'Aubenas.

(4). Ps. XXII.

 


 

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